
Tiana Miller : J'avais environ 5 ans quand j'ai commencé à penser comme une fille. Ensuite, j'ai progressivement réalisé que je me sentais plus à l'aise dans la peau d'une femme. C'était difficile à cause des normes sociales de mon pays et j'avais vraiment l'impression de faire quelque chose de mal.
Oui, beaucoup, surtout mon père.
Oui, je suis d'accord. Les défis auxquels on doit faire face sont difficiles à surmonter ; ça complique tout ce qui touche au travail, à la scolarité et au logement. Au lycée, ça allait parce que je n'avais pas encore opéré ma transformation, mais aujourd'hui, ma scolarité est plus difficile. J'aimerais avoir un diplôme, mais on ne me laissera pas aller à l'université.
Ouais, ils sont obligés d'être pauvres. Les plus chanceux se mettent en couple avec quelqu'un de riche qui consacrera toute sa vie à leur couple.
Non, pas du tout. Dans ma rue, je vois tous les jours des transgenres sans domicile et la police, qui devrait les protéger, les rabaisse littéralement et les chasse aux frontières de la ville, juste à cause de leur style de vie.
Oui ; ces derniers se retrouvent à la rue parce qu'ils sont incapables d'avoir les revenus nécessaires pour louer une maison dans laquelle ils pourraient vivre en sécurité.
Oui, j'ai été agressée par le passé. J'ai couru, donc ils ne m'ont pas fait trop de mal, mais, naturellement, cette expérience m'a traumatisée.
Évidemment, et surtout dans les quartiers pauvres !
Bien sûr que oui. Je sors dans la rue, mais je reste conscient des vices de ces homosapiens homophobes !
Les communautés gay et transgenre ne sont pas unies, et comme la plupart des gays ont peur de se faire tuer, il n'y en a pas beaucoup qui se rattachent à ces communautés.
Oui, je le suis. Si je souhaite que les choses changent, je dois y travailler moi-même. J'ai dû me montrer dans la rue pour que les gens sachent que les transgenres existent et qu'ils constatent par eux-mêmes que nous sommes des gens normaux qui essaient de mener une vie normale – comme tout être humain. Je crois que nous avons besoin de gens comme moi, qui essaient de changer ce pays et son gouvernement.
Je crois que la plus grosse pierre apportée à l'édifice de l'homophobie est à mettre au crédit de l'Église et des valeurs sociales qu'elle véhicule sur ce qui est bien et ce qui est mal. Je ne comprends pas comment des êtres humains peuvent être aussi cruels et avoir autant de préjugés, simplement parce que l'Église déclare : « Vous, homosexuels, êtes des démons » et qu'elle nous traîne dans la boue au lieu d'essayer de nous parler, ou simplement, de nous aborder.
Eh ouais. Mais vous savez quoi, je m'en fous royalement.
Figurez-vous qu'il y en a eu un, il y a dix ans, mais aujourd'hui il est fermé. Il ne reste que de rares événements, très ponctuels, dans des lieux spécialement loués pour l'occasion.
Je crois que le changement est en cours, en effet.
Les deux. Mais l'avenir nous le dira, et je préfère ne pas me prononcer pour le moment.
Je me vois comme le premier transgenre à avoir un rôle d'ambassadeur pour ce pays. Je veux me battre pour les droits de l'homme ; je souhaite aussi devenir chorégraphe, féministe et tout un tas d'autres trucs.
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