La fonctionnaire de 29 ans dénonce des insultes et des humiliations liées à son orientation sexuelle, qu'elle subirait depuis plus de deux ans.

ILLUSTRATION. Affectée au service de vidéosurveillance, la fonctionnaire a été mutée sans aucune explication
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« J'ai pensé à me tirer une balle dans la tête devant la mairie. Pour qu'ils m'entendent. Qu'ils fassent quelque chose... » Julie* est à bout. Cette policière municipale de Bussy-Saint-Georges vient de déposer plainte pour discrimination en raison de l'orientation sexuelle contre un de ses supérieurs et Loïc Masson, adjoint au maire chargé de la sécurité.
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« Chaque jour, depuis plus de deux ans, je me fais insulter, raconte l'agent de 29 ans. Sans compter les humiliations quotidiennes. »
Tout commence à l'été 2012. Affectée à la brigade de jour, Julie demande à être mutée à la vidéosurveillance de nuit et de jour. A partir de ce moment, son supérieur « a commencé à tenir des propos injurieux envers les homosexuels en parlant de moi », relate Julie dans le procès-verbal de sa plainte que nous nous sommes procuré. Son insulte préférée ? « Sale gouine », qu'il répète haut et fort en parlant d'elle, en s'assurant qu'elle l'entende. La situation se tend encore plus il y a plusieurs mois, quand l'Assemblée nationale vote en faveur du mariage homosexuel. A cette occasion, Julie assure que son chef lui aurait lancé, en la regardant droit dans les yeux : « Les gouines et les PD qui peuvent se marier, ça me dégoûte. »
Au-delà des insultes, la jeune femme s'estime victime d'un travail de sape quotidien. Son supérieur lui aurait demandé de faire un rapport justifiant son départ avant la fin de service, alors qu'il ne demande jamais cela aux autres. Pis encore ! Début octobre, Julie est mutée dans un autre service... alors qu'elle n'a même pas pu donner son avis. « Sans explications », jure-t-elle, ajoutant avoir entendu son supérieur dire à voix haute : « On a réussi à faire dégager la gouine. » Selon elle, c'est Loïc Masson, adjoint au maire élu avec l'équipe de Chantal Brunel (UMP) en mars dernier, qui a pris cette décision. Lequel n'a cependant jamais proféré d'insultes à son égard.
La municipalité estime qu'aucune accusation n'est directement portée à l'encontre de Loïc Masson, « l'agent lui reprochant simplement un changement de poste arbitraire ». Mais l'édile a « décidé de diligenter une enquête administrative interne pour faire la lumière sur d'éventuels propos homophobes qui auraient pu être proférés ». Par ailleurs, la majorité assure condamner « unanimement tout propos discriminatoire ou raciste » et prendra les « sanctions qui s'imposent ».
Cette affaire n'échappe pas à la récupération politique. Ainsi, l'ancien maire Hugues Rondeau (Cnip) -- qui avait qualifié le mariage homosexuel de déviation -- se dit indigné. Condamnant des propos qui tendent à banaliser l'homophobie, il indique se constituer partie civile dans cette procédure.
* Le prénom a été modifié.
noustrois09, Posté le vendredi 16 janvier 2015 07:18
jolie